RÉSUMÉS

(par ordre alphabétique)

DE L'IMAGE DU BARBARE À LA CONSTRUCTION MENTALE DU GAULOIS. 2000 ANS DE PRÉJUGÉS

Intervenante : Anaïs CHEUTON

Filiation : IRAMAT-CEB (UMR 5060 CNRS-Université d'Orléans), TRACES (UMR 5608 CNRS-université Toulouse II Jean-Jaurès)

Mots-clés : culture, identité, processus interculturels, Antiquité, Gaulois

Résumé : Des préjugés qui caractérisent les Gaulois aux termes utilisés pour décrire les relations qu’ils entretenaient, le discours scientifique sur les Celtes a longtemps été imprégné d’une image déformée. En effet, les études consacrées à la période de contact entre les Gaulois et les Romains se heurtent à de nombreux clichés, dont certains sont directement hérités de l’Antiquité. La vision qu’avaient les Romains de leurs voisins Gaulois, transmise au travers de leurs textes, ont durablement marqué l’orientation de la recherche en archéologie.

La protohistoire a longtemps été délaissée au profit de l’archéologie dite classique mais à partir du XIXe s., le nationalisme trouve un intérêt à promouvoir l’image du Gaulois hissé au rang d’ancêtre de la nation. Tout au long du XXe s., les chercheurs qui s’intéressent à la culture celte vont progressivement déconstruire la dualité Gaulois-Romains. Cette déconstruction passe par une réflexion épistémologique sur la terminologie employée pour étudier les contacts entre Gaulois et Romains. L’apport des autres disciplines de sciences humaines est primordial pour redéfinir les notions d’identité et de culture, et ainsi permettre de prendre du recul sur les concepts communément utilisés en archéologie, mais insuffisamment définis, comme « acculturation » et « romanisation ». Ces questions d’identité(s) et de transferts culturels s’inscrivent dans le cadre d’une thèse dont l’objectif est de préciser les processus interculturels qui interviennent entre la fin de l’âge du Fer et le début de l’Antiquité à travers l’étude des parures. Des exemples issus de ce travail illustreront le propos.


SYNCHRONIES, CHANGEMENTS TECHNOLOGIQUES ET CLIMATIQUES : NOUVEAUX APPORTS METHODOLOGIQUES DANS L'ETUDE DU SUD-OUEST DE LA FRANCE A LA FIN DU PALEOLITHIQUE MOYEN

Intervenante : Tiffanie FOURCADE

Filiation : IRAMAT-CRP2A, UMR 5060 (CNRS, Université Bordeaux Montaigne)

Mots-clés : pollen, modélisations bayésiennes, Paléolithique moyen, Neandertal

Résumé : Évaluer des synchronies et diachronies entre des changements climatiques et culturel ou technologiques est un prérequis pour comprendre le possible impact des changements environnementaux sur les groupes humains. Face aux fluctuations climatiques, ils se sont adaptés, déplacés voire même ont disparu. La recherche de synchronies durant la fin du Paléolithique moyen jusqu’au début du Paléolithique supérieur (~80-35 ka avant le présent), est entravée par la limite de la technique de datation par radiocarbone, les larges incertitudes chronologiques affectant les archives archéologiques et paléoclimatiques, mais également par les faibles résolutions des données paléoclimatiques, si disponibles. En Europe, la période entre ~ 50-35 ka est marquée par la disparition l’Homme de Néandertal et l’arrivée de l’Homme anatomiquement moderne (HAM).

Afin de déterminer si les changements climatiques et environnementaux ont été concomitants avec les transitions des techno-complexes lithiques, plusieurs axes de réflexions et outils sont mis en œuvre. Il s’agit premièrement de reconstruire les paléoenvironnements et paléoclimats dans le sud-ouest de la France, région abondamment riche en études sur les sites archéologiques des Paléolithiques moyen et supérieur. L’apport des techniques de datation par luminescence au-delà de 40 ka parait nécessaire pour l’élaboration d’une chronologie plus robuste des archives paléoenvironnementales et climatiques. A cela, s’ajoute une nouvelle approche de modèles d’âge-profondeur. Enfin, une recontextualisation des changements de techno-complexes lithiques est essentielle, par le développement d’une base de données chronologique fiable et critique pour la période d’étude.

C’est seulement après l’amélioration des deux archives, archéologique et paléoclimatique, qu’il sera alors possible d’appréhender ou non les moyens d’adaptations des groupes préhistoriques face aux changements environnementaux et climatiques.


APPORT DES PROSPECTIONS GÉOPHYSIQUES POUR L'ÉTUDE DES AGGLOMÉRATIONS OUVERTES DU IIIème S. AV. J.-C. EN NOUVELLE-AQUITAINE

Intervenante : Juliette HANTRAIS

Filiation : Université Bordeaux-Montaigne, IRAMAT-CRP2A

Mots-clés : prospection magnétique, prospection électrique, agglomérations ouvertes, Protohistoire

Résumé : Jusqu’à une date assez récente, le concept d’habitat groupé de la fin de l’âge du Fer était représenté par les oppida, agglomérations fortifiées aux fonctions multiples. Les recherches programmées et fouilles préventives des vingt dernières années ont révélé l’existence d’un réseau d’agglomérations ouvertes, non fortifiées, antérieures aux oppida. Le mouvement de création de cette catégorie d’habitat semble s’amorcer au IIIe siècle av. J.-C. comme l’illustre une petite série de sites. En Nouvelle-Aquitaine, plusieurs exemples sont désormais attestés, comme ceux de La Peyrouse et d’Eymet (Dordogne). Malgré l’intérêt suscité depuis quelques années par ces habitats, ces derniers sont documentés de façon très partielle, n’ayant fait l’objet que de prospections d’ampleur limitées.
Depuis 2019, des prospections géophysiques à large échelle ont été menées sur les sites de La Peyrouse et d’Eymet, dans le cadre d’une thèse de doctorat et du projet région RAPSODIE (Reconnaissance des Agglomérations Protohistorique du Sud-Ouest : Développement, Imagerie, Environnement). Cette approche extensive et non-intrusive a permis d’apporter de nouvelles données et de cartographier des aménagements qui structurent ces deux occupations pétrocores. Bien que ces cartes restent à compléter, elles livrent de premières informations inédites sur leur morphologie et alimentent nos connaissances sur une composante de l’habitat protohistorique encore mal connue en Nouvelle-Aquitaine.


LES PLANS IMAGINAIRES

Intervenante : Sylvie HELLO

Filiation : SPH (Sciences, Philosophie, Humanités), EA 4574, Université de Bordeaux

Mots-clés : asile, plan, aliénation, imagination, raison

Résumé : Au début du19ème siècle, tous les efforts faits pour comprendre les causes de l’aliénation mentale et soigner efficacement ses diverses formes sont indissociables d’un projet classificatoire et nosographique, qui atteste d’une confiance totale dans les pouvoirs d’une rationalité conquérante typique des Lumières. A côté des débats très dynamiques qui portent sur les causes, physiques ou morales de la folie, et des recherches controversées sur de nouvelles approches thérapeutiques, la nécessité de repenser entièrement l’organisation des établissements qui accueillent les fous devient une évidence. Si certains aliénistes concentrent leur travail de réforme sur le plan administratif et juridique en conservant des locaux anciens comme à l’hôpital de Charenton, d’autres n’envisagent pas la naissance de la psychiatrie sans l’imagination d’établissements entièrement nouveaux. Quel rôle joue l’imagination dans la conception architecturale de ces nouveaux lieux hautement rationalisés ? Nous verrons que les sources de cette projection imaginaire en quête d’efficacité thérapeutique sont très riches et surtout très inattendues.


IMAGINAIRE ET CONSRUCTION MENTALE : IMMERSION DANS LE MONDE DES DIVINITÉS CELTES ET GALLO ROMAINES à TRAVERS L’EXEMPLE DE CERNUNNOS

Intervenante : Alexandre LÉONET

Filiation : Ausonius, UMR 5607

Résumé : L’étude des divinités celtes et gallo-romaines nous projette dans un imaginaire très riche, résultat d’une longue construction mentale durant plus de deux millénaires.

Pourtant bien que nous disposons de nombreuses traces matérielles, la fonction et le rôle de ces personnages divins restent difficilement interprétables. Les celtes n’ayant pas écrit leur histoire, il faut se tourner vers les témoignages anecdotiques et bien souvent peu flatteurs de leurs voisins. Déjà durant l’antiquité, une première vision se construit autour de la religion celte, celle d’un système de croyances barbares dont les dieux sanguinaires se repaissent de sacrifices humains.

Au 18eme siècle, les découvertes successives de représentations vont dévoiler des personnages atypiques et surnaturels tel que Cernunnos. La mise au jour du pilier des Nautes en 1711 dans les fondations de la cathédrale Notre Dame à Paris fait resurgir ce personnage du passé, et marquera le point de départ d’une longue quête dans l’étude des divinités celtes et gallo-romaines.

Jusqu’à nos jours, érudits, chercheurs et écrivains ont proposé leurs différentes visions du dieu aux bois de cerf, la pauvreté des sources écrites antiques laissant libre cours à des propositions parfois très fantaisistes. À travers de l’étude des représentations de Cernunnos, nous examinerons comment le discours scientifique s’est construit pour tenter d’interpréter la fonction et la place de ce personnage dans la religion celte et gallo-romaine.


S'AFFRANCHIR DES CONSTRUCTIONS MENTALES EN ÉVOLUTION HUMAINE : L'EXEMPLE DE L'ADAPTATION CLIMATIQUE

Intervenante : Laura MARÉCHAL

Filiation : Université de Bordeaux, CNRS, MC, UMR 5199 PACEA, Pessac, France

Mots-clés : variation morphologique, voies respiratoires, climat, morphométrie, imagerie 3D

Résumé : Dans les domaines de la paléoanthropologie et de l’anthropologie biologique, les interactions entre l’Homme et son environnement ont fait l’objet de nombreux travaux de recherche, dans lesquels se cachent parfois certaines constructions mentales, ancrées dans les discours scientifiques. La question de la variation morphologique du squelette cranio-facial en fonction de la température environnementale a notamment alimenté de nombreux débats. Les variations de forme et de taille de la cavité nasale et des sinus paranasaux ont notamment été au centre de ces recherches.
La cavité nasale constitue en effet la porte d’entrée du système respiratoire, ce qui lui confère un intérêt particulier pour l’étude du lien entre les hominines et leur environnement. Selon qu'il vit dans un environnement chaud ou froid, Homo sapiens tend à présenter des caractéristiques morphologiques différentes dans cette région anatomique. Ces résultats ont notamment conduit à diverses interprétations sur les espèces fossiles de la lignée humaine, comme par exemple Neandertal, dont la morphologie faciale a été longtemps interprétée comme une adaptation climatique à un environnement froid. Cependant, à travers l’application des outils de l’imagerie 3D et de la morphométrie géométrique sur des individus modernes, nous sommes aujourd’hui en mesure de discuter ces interprétations en intégrant notamment l’aspect physiologique de ces structures respiratoires. À travers cette étude, nous souhaitons mettre en exergue l’intérêt du développement de nouveaux angles d’approche afin de déconstruire cette problématique du rôle du climat dans l’évolution de la morphologie craniofaciale.


LE MYTHE DU SITE DE RÉFÉRENCE : DÉCALAGE ENTRE PUBLICATION ET RÉALITÉ. L'EXEMPLE DE LA COLLECTION NOAILLIENNE DE L'ABRI DU FACTEUR, À TURSAC (DORDOGNE, FRANCE)

Intervenante : Anaïs VIGNOLES

Filiation : Université de Bordeaux / UMR 5199 PACEA

Mots-clés : Gravettien moyen, reprise de collection ancienne, Abri du Facteur, industries lithiques

Résumé : Les données issues de collections anciennes sont souvent utilisées pour établir des hypothèses, proposant parfois des inférences culturelles tranchées. Cependant, ces données ne permettent pas toujours une telle précision en raison des méthodologies de fouilles et d’études d’époques.
Le registre archéologique du Gravettien moyen français est un exemple parlant. Il est caractérisé par deux faciès lithiques, Noaillien et Rayssien, dont les interprétations font encore débat. En particulier dans le Nord de l’Aquitaine, ils sont tantôt associés au sein des mêmes couches archéologiques, tantôt successifs en stratigraphie.
Ayant repris l’étude d’une collection noaillienne de référence – la couche 10/11 de l’Abri du Facteur, à Tursac (Dordogne), fouillée dans les années 1950 par Henri Delporte – nous avons pu nous confronter à cette question. Une analyse historiographique des archives de fouilles et de la collection a permis de dégager un ensemble bien contextualisé au sein du gisement. Puis, une analyse typotechnologique de la collection a mis en évidence la présence de marqueurs de la tradition lithique lamellaire du Rayssien, alors que les modalités de production laminaire rappellent plutôt celles des sites du Noaillien des Pyrénées. Malheureusement, il n’est pas possible de statuer sur la nature archéologique de cette association, passée inaperçue à l’époque de la fouille.
Cet exemple souligne le décalage qui peut exister entre données publiées et données brutes. Le retour sur les collections anciennes est primordial pour discuter d’hypothèses culturelles, car ces études nous permettent de préciser le degré d’inférence possible à partir de telles données, afin d’améliorer la fiabilité des interprétations.

Personnes connectées : 3 Vie privée
Chargement...